Histoire du château
Le château de Piquecos, dressé sur son promontoire en lisière du Bas-Quercy, surplombe les plaines de l’Aveyron et du Tarn et plus précisément un gué sur l’Aveyron ; on a d’ailleurs parfois affirmé qu’un ouvrage romain fortifié y avait été édifié.
Un village, une seigneurie, une église sont évoqués dès le XIIe siècle dans des sources. Dans le troisième quart du XIVe siècle, la seigneurie est rachetée par Raymond-Arnaud des Prez de Montpezat. Sa famille voit croître depuis le siècle précédent son influence en Bas-Quercy; dans le sillage de l’un de ses membres, Pierre, devenu cardinal puis vice-chancelier de l’Eglise. Elle se lance donc dans une politique d’acquisition de nombreuses seigneuries autour du fief originel de Montpezat.
Il semble qu’un château ait déjà existé à cette époque à Piquecos. Mais ce sont les Des Prez qui vont en être les grands bâtisseurs entre la fin du XIVe et le début du XVIe siècle. Il constitue alors une des résidences de cette puissante famille quercinoise, avec le château de Montpezat. Au XVIe siècle, Piquecos est plus particulièrement la résidence des cadets de la famille, évêques de Montauban en charge des domaines familiaux pour leurs aînés que le service civil et militaire du roi éloigne du Quercy. Il sert d’ailleurs pendant les guerres civiles de quartier général à l’évêque Jacques dans sa lutte contre les Protestants de Montauban et des autres places qu’ils dominent dans la région. Il sert plus tard de résidence au roi Louis XIII durant le siège de Montauban, en 1621.
Après la mort sans descendance du dernier représentant de la famille puis de sa femme, le château passe par mariage et héritage à la famille Mitte de Chevrières de Saint-Chamond, qui entreprend les dernières modifications. Puis, d’héritages en ventes, il devient au XVIIIe siècle la propriété de la famille toulousaine de Fonbeauzard, au XIXe siècle de la famille montalbanaise Duc-Lachapelle, de l’industriel montalbanais Pol Dagrand au tournant du XXe siècle, enfin du baron de Nerciat avant un autre changement de propriétaire réalisé en 2005, puis un autre en 2022.
Architecture et décoration
Les caractéristiques du château révèlent une construction datant essentiellement de la fin du Moyen-âge et de la Renaissance. Les bâtisses de cette époque témoignent de la transition qui s’opère entre les impératifs de défense des demeures forteresses médiévales, et la volonté d’améliorer les qualités résidentielles et le confort de la demeure seigneuriale.
Il reste encore dans le château les vestiges de nombreux éléments de défense caractéristiques de l’art militaire médiéval. Tout d’abord les tours de flanquement d’une première cour autrefois fermée par des courtines, et à l’entrée un châtelet (démantelé au début du XIXe siècle), pour défendre le seul accès possible, par l’est. Un corps de bâtiment principal, quadrilatère cantonné de quatre tours d’angle crénelées dotées de canonnières et à leur sommet le départ des consoles de mâchicoulis, ainsi qu’une tour en saillie de la façade est permettant d’encadrer la porte d’entrée dotée d’un pont-levis.
Mais à la fin du Moyen âge, les châteaux témoignent de la volonté de leurs occupants d’améliorer l’esthétique et le confort de leurs demeures. Ici la façade sud notamment, qui donne sur la plaine et correspond au principal corps de logis aux XVe et XVIe siècles, est percée de nombreuses fenêtres à meneaux et traverses. On note également la présence de cheminées monumentales et de latrines dans plusieurs pièces du château. Les salles des tours d’angle et des tours de flanquement sont voûtées d’ogives, les armes des Des Prez ornant systématiquement les clefs de voûte. Plusieurs espaces du château étaient également ornés de peintures murales de la Renaissance, comme les représentations de sibylles de la chapelle située dans la tour nord-est dont il reste encore quelques vestiges.
Les Mitte de Chevrières de Saint-Chamond sont vraisemblablement les commanditaires des travaux qui dans les années 1640 transforment le château de Piquecos. Celui-ci perd en effet une partie de ses structures militaires du XVe siècle pour s’ouvrir et se transformer en un château classique, doté d’une façade plus harmonieuse. Les deux ailes sont remaniées, notamment l’aile est, et sa tour centrale dérasée ; le pont-levis est supprimé. De nouvelles pièces sont aménagées et percées de fenêtres. Le château conserve également dans deux pièces de nombreux panneaux de bois peints représentant des figures mythologiques qui ornaient autrefois un cabinet créé au milieu du XVIIe siècle.
A la fin du XVIIIe siècle, l’étage des corps de logis et les tours sont partiellement dérasés. Enfin le châtelet d’entrée est remplacé au début du XIXe siècle par deux pavillons néoclassiques. Ces dernières transformations donnent au château son allure actuelle.
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