Église Saint-Pierre de Campredon

Un peu d'histoire

Le toponyme d’origine occitane Campredon, signifiant  « champ rond », provient peut-être du fait que le ruisseau de la Nauze qui descend des coteaux décrit ici une courbe avant de se jeter dans l’Aveyron. En ce lieu d’occupation ancienne, d’époque gallo-romaine puisqu’on y a identifié les restes d’une importante villa, lieu situé à proximité d’un gué sur l’Aveyron, une paroisse (parrochia de Sancti Petri de Campo Rotundo) est signalée dans un manuscrit de 1031. L’église de cette paroisse, connue sous le vocable de Saint-Pierre-ès-Liens, appartient à cette époque à l’abbaye de Montauriol (Saint Théodard) et son existence résulte peut-être de l’effort missionnaire mené par cette abbaye à la fin du premier millénaire.

A la fin du XIIIe siècle, cette église devient chef-lieu d’un prieuré dépendant de l’abbaye puis du chapitre cathédral de Montauban. Mais au XIVe siècle, la paroisse de Saint-Pierre de Campredon appartient (avec celles de Saint-Marc et de Piquecos), aux seigneurs de Piquecos. Et à la fin du XVe siècle il n’est plus question du prieuré.

L’église est incendiée au cours des guerres religieuses, sans doute en 1562, puis en 1622 en même temps que le bourg et le moulin, et rebâtie après 1629. Restaurée une première fois en 1816 mais jugée rapidement trop petite pour une population croissante, elle fait place à une nouvelle église dont la construction est entreprise à la fin des années 1870.

 

Architecture et décoration intérieure

L’église est de plan allongé, à un vaisseau, construit en brique et partiellement enduit. Elle comprend un chœur à cinq pans et une nef de trois travées avec deux chapelles latérales. L’ensemble est de style néo-gothique, voûté d’ogives. Le presbytère flanque la nef à droite. L’entrée se fait sur la façade est que couronne un clocher-mur ajouré d’une baie entourée de colonnettes. Ce clocher possédait jusqu’en 1933 une unique cloche portant la date de 1629 et le nom de sa marraine Suzanne de Gramont, veuve d’Henri des Prez de Montpezat et châtelaine du château de Piquecos, également propriétaire du moulin de Campredon. Fêlée, elle a alors été remplacée par la cloche actuelle.

 

Le décor et le mobilier de l’église laissent une large place à la représentation de saint Pierre à qui l’église  est dédiée : sur l’autel, sur un vitrail, en statue… Le reste reflète les dévotions majeures de la fin du XIXe siècle mais certains éléments renvoient à une inspiration ultramontaine. En cela il peut être rapproché de celui de Saint-Pierre-ès-Liens de Nègrepelisse reconstruite quelques années auparavant dans le même contexte politique et religieux. Le pouvoir de l’Eglise et de son chef, le Pape, est à la fois renforcé et menacé. Renforcé depuis le concile du Vatican qui affirme l’infaillibilité pontificale en matière de dogme, et menacé en Italie par le processus d’unification qui fait perdre à Pie IX les états pontificaux. La France, marquée depuis le XVIIIe siècle par une érosion de l’influence de l’Eglise accélérée par la fracture révolutionnaire, a vu s’écrouler un pouvoir impérial qui a échoué à protéger les intérêts du pape et voit désormais s’affirmer le pouvoir républicain, hostile à l’influence de l’Eglise. Un tel contexte explique la volonté d’exalter l’Eglise et le pouvoir pontifical dans une église consacrée à saint Pierre, le premier évêque de Rome. Les armes de Pie IX accompagnent celles de Mgr Legain, évêque ultramontain de Montauban, pour célébrer les autorités ecclésiastiques qui président à l’érection de la nouvelle église, mais on trouve encore ces armes de Pie IX en clef de voûte.

Les autres vitraux développent surtout des représentations christiques et mariales : au centre des rosaces ou des verrières des baies, un Christ au Sacré Cœur ou un chrisme, une Vierge au Sacré Cœur.

Des peintures réalisées par René Gaillard Lala en 1934 décorent le chœur de l’église.

On voit également sur un mur de la nef l’indication du niveau de la crue de 1930.

 

Le mobilier religieux

Deux statues polychromes, de saint Paul et de saint Pierre, pourraient être des vestiges de l’ancienne église.

Contre les murs de la nef, des statues du XIXe siècle ou du début du XXe siècle dont certaines portent encore la signature d’ateliers toulousains témoignent des dévotions principales de cette époque : Saint Antoine de Padoue, Sainte Jeanne d'Arc, Sainte Philomène, Sainte Germaine de Pibrac.

L’autel est décoré d’une représentation en relief des quatre évangélistes entourant saint Pierre.

L’église conserve également deux plats de quête en dinanderie en laiton repoussé, d’auteur inconnu, du XVIe ou XVIIe siècle. L’un représente une Vierge à l’Enfant en pied, avec une inscription religieuse en allemand, en lettres gothiques, répétée trois fois (Got geb und den frid amen). L’autre représentant Adam et Eve autour de l’Arbre de Vie évoque la Tentation.