Eglise de Nevèges

Un peu d'histoire

Si des sources écrites attestent de la présence d’une église en ce lieu depuis le XIe siècle, le lieu de culte primitif pourrait y avoir été construit en des temps bien plus anciens, sur le site d’une villa gallo-romaine dont l’importance se reflétait dans les vestiges exhumés au cours du XIXe siècle : fûts de colonnes, fragments de mosaïque, carrelages... L’hypothèse de la présence d’un temple romain avait même été avancée, temple auquel se serait substitué un sanctuaire consacré à la Vierge dans les premiers temps du christianisme.

L’ancienneté et l’importance de cette paroisse se traduisent par l’établissement d’un archiprêtré à une période inconnue du Moyen âge. Il comprenait de nombreuses paroisses sur les diocèses actuels de Montauban et surtout de Cahors, et fournissait à celui qui en était pourvu de confortables revenus. Jusqu’à la Révolution, cette importante église disposait également de plusieurs annexes : les églises de Saint-Martin, de Saint-Géraud et de Saint-Pierre de Divilhac.

L’édifice médiéval est reconstruit à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle, à l’issue de la guerre de Cent Ans, période durant laquelle la paix et la prospérité retrouvées permettaient une telle entreprise. En témoigne d’ailleurs le presbytère qui flanque l’église, construit entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Le clocher et le portail, enfin, sont reconstruits en 1861.

L’église de Nevèges abritait également la sépulture familiale des Roquefeuil, barons de Castelnau, mais l’exhaussement du sol a fait disparaître les traces de cette sépulture.

 

Architecture et décoration intérieure

Comme dans les autres régions du Tarn-et-Garonne, cette église, bien que reconstruite durant la période flamboyante de la fin du Moyen âge, porte par sa sobriété la marque du gothique méridional.

Elle est pour l’essentiel construite en pierre avec quelques adjonctions de briques foraines ; le clocher octogonal d’un étage, du XIXe siècle, est construit en briques foraines sur une base carrée en pierre. Ce clocher est le reflet du goût néogothique du XIXe siècle qui voulait ici doter cette église et son clocher d’une flèche marquant plus visiblement l’espace.

La nef a la forme d’un rectangle allongé, divisé en quatre travées inégales séparées par des arcs doubleaux brisés. La première travée constitue le chœur dont le plan carré à chevet plat est très fréquent dans la région. Il semble cependant que la seconde travée ait été le chœur primitif. La voûte d’ogives présente des clés ornées de motifs flamboyants que l’on retrouve aussi sur certains culots de retombée : visages sculptés, motifs floraux ou astraux (soleil, étoile), croix, monogrammes du Christ et de la Vierge. Sur la troisième travée, de chaque côté, ont été aménagées des chapelles basses voûtées en berceau. Dans le chœur actuel, le chœur ancien et les chapelles latérales, on trouve également des armoires murales. Et certaines pierres, notamment sur les murs du chœur primitif, portent encore des signes lapidaires.

L’église fut peinte en 1846 par l’abbé Chevalt, qui créa à la voûte un décor flamboyant en grisaille. Elle conservait également à la fin du XIXe siècle des traces de restes de litres, ou ceintures funèbres, qui ne sont plus visibles aujourd’hui.

Les vitraux sont de la fin du XIXe siècle (dont un de Saint-Joseph signé de la célèbre maison toulousaine Gesta) ou de la première moitié du XXe siècle (dont un de Saint-Jean Baptiste des peintres-verriers toulousains Henri Moulenc et Louis Saint-Blanquat)

 

Quelques éléments du mobilier

L’église conserve encore de nombreux éléments de mobilier des XVII et XVIIIe siècles. Au-dessus du maître-autel s’adosse un grand retable en plâtre du XVIIIe siècle représentant l’Assomption de la Vierge. La partie haute d’un petit retable en bois doré et peint est également conservée dans la chapelle de droite. La porte des fonts baptismaux est du XVIIe siècle, en chêne sculpté ; ses vantaux sont ornés d’un feuillage ajouré. La balustrade de communion en pierre est également du XVIIe siècle. L’église conserve enfin des plats de quête des XVIe et XVIIe siècles.

L’essentiel de la statuaire est en revanche du XIXe et XXe siècles, certaines pièces provenant des fabriques toulousaines Giscard et Prat.