Un peu d'histoire
L’existence de Saint-Maurice de Port-Noguier est attestée depuis la fin du XIe, siècle ; l’église s’élevait primitivement au bord du Tarn, au Saula, dans une zone vraisemblablement occupée depuis l’époque romaine notamment pour des activités portuaires. En 1096, une bulle pontificale d’Urbain II la signale comme faisant partie des possessions de l’abbaye de Moissac. Pourtant, au XIIIe siècle, elle apparaît partagée entre cette abbaye, celle de Saint Théodard, et l’ordre du Temple qui dispose de nombreux possessions de l’autre côté du Tarn. A la fin de ce siècle les évêques de Cahors ont succédé aux droits de Moissac. Puis au milieu du XIVe siècle, les dîmes de l’église sont attribuées au chapitre cathédral de Montauban et en 1345, une bulle du pape Clément VII fait de Saint-Maurice le chef-lieu d’un prieuré uni à la mense du chapitre cathédral.
L’église et le village ayant été détruits par une inondation à la fin du Moyen-âge, sans doute au XVe siècle, ils sont reconstruits sur leur emplacement actuel, au pied des coteaux, zone moins exposée aux crues du Tarn et de l’Aveyron.
L’église du XVe siècle est brûlée en 1563 et 1628 par les Protestants de Montauban, elle est donc en grande partie reconstruite au cours du XVIIe siècle, époque à laquelle elle devient une annexe de Saint-Pierre de Campredon. La nef était alors vraisemblablement voûtée.
Au cours du XIXe siècle, en plusieurs phases de travaux, l’édifice est remanié et agrandi, pour prendre sa forme actuelle.
Architecture et décoration intérieure
L’édifice est de plan allongé, à un vaisseau. Son toit en croupe est couvert de tuiles canal. La partie basse des murs, jusqu’à une hauteur de 6 mètres, appartient à l’édifice reconstruit au XVIIe siècle. L’escalier en vis que l’on aperçoit à l’angle de la façade ouest est vraisemblablement un vestige de cette période, et desservait le clocher. On peut voir encore sur cette façade les traces des anciennes baies campanaires.
L’édifice est remanié et agrandi au cours du XIXe siècle : des chapelles sont rajoutées en 1850 aux deux qui existaient déjà; et en 1875, par les soins de M. Isidore Delbreil, les murs sont exhaussés pour y asseoir la voûte actuelle. Le clocher mur est également exhaussé, et la façade ouest est percée d’un portail en 1938.
A l’intérieur, la nef se compose donc aujourd’hui de trois travées, accostée de part et d’autre de chapelles latérales. Elle est prolongée par un chœur à trois pans. L’ensemble est voûté d’ogives, avec une voûte à huit quartiers pour le chœur.
Les peintures murales réalisées en 1938 par René Gaillard-Lala, sont une des œuvres les plus abouties de ce peintre tarn-et-garonnais, élève de Louis Cazottes, qui a décoré de nombreuses églises locales. Les chapelles et le chœur sont décorés de frises de saints et de figures de l’Ancien Testament, formant une procession et aboutissant à une représentation de Christ en majesté, entouré de Joseph et Marie, ainsi que de saint Maurice. Leur fond doré rappelle les mosaïques byzantines. Grâce à un travail de restauration et d’identification mené en 2010, on peut lire les noms de ces saints ; on peut constater qu’une large place y est accordée aux premiers martyrs du christianisme. La rosace, elle, est consacrée au martyre de saint Maurice, patron de l’église. On peut enfin apercevoir dans le chœur, sous la frise des saints, les armes de Pie XI et de monseigneur Elie-Antoine Durand, hommage rendu par le peintre au Pape et à l’évêque de Montauban en fonction lors de la réalisation de ses peintures.
Le mobilier religieux
Le mobilier est essentiellement de style néogothique, datant du XIXe siècle : les statues, consoles, autels, lustres proviennent de manufactures fabriquant et vendant en série leurs produits. Plusieurs statues en plâtre moulé sont signées des grandes fabriques toulousaines Giscard et Monna. La chaire, elle aussi de style néo-gothique, est une fabrication artisanale locale.
On trouve cependant dans l’église des éléments d’un mobilier plus ancien. Dans une chapelle a été fixé dans un mur un tabernacle en bois en bon état, du XVIIIe siècle ; il s’agit vraisemblablement d’un vestige de l’ancien tabernacle supprimé lors de la modification de l’église au XIX et réintégré dans une des nouvelles chapelles. On peut également voir un bénitier en marbre à décor de godrons, du XVIIe siècle, avec un socle moderne, placé près de l’entrée. La statue de Vierge à l’Enfant est vraisemblablement du XVIIIe siècle. Le tableau de la Crucifixion situé dans la 3e chapelle à gauche, en assez mauvais état, est une huile sur toile, probablement de la fin du XVIIIe siècle ou début du XIXe siècle. On trouve enfin une croix processionnelle en bois doré et peint, en bon état, datée du début du XIXe siècle. Sa hauteur est de 2,25m et sa largeur de 0,70m ; il s’agit d’un Christ en croix.
Dans le cimetière…
On remarque des chapelles funéraires familiales du XIXe siècle, dont une monumentale ornée de fleurs de lys au fond du cimetière. On peut également remarquer plusieurs tombes à stèle pyramidale. Ces tombes, véritable singularité régionale dans l’architecture funéraire, ont été copiées tout au long du XIXe siècle d’un prototype que l’on trouve au cimetière de Farguinel, à la sortie du bourg de Lafrançaise. Ce prototype est la tombe d’un seigneur local, Antoine Jean-Baptiste de Montratier de Parazols, inhumé en 1821. Peut-être cet ancien chevalier de l’Ordre de Malte avait-il participé à la campagne napoléonienne d’Egypte et ramené de cette expédition le désir « pharaonique » de disposer à son tour d’une pyramide en guise de monument funéraire.
Au centre du cimetière, une grande croix en fer forgé porte la date de 1846.